Port de tête altier, haute et fière, d’un air sûr, qui avait quelque chose de conquérant, le pas confiant et mesuré, une jeune femme vêtue d’un débardeur beige et d’un pantacourt marron, à la longue et fournie chevelure argentée nouée en queue de cheval, au teint de peau clair et à la silhouette mince mais dans laquelle on pouvait cependant deviner une certaine puissance, avançait dans la lumière pieds nus, son avenir était assuré elle le savait. Tout ceci n’était que formalités, montagne à gravir vers ce sommet réservé aux rares élus qu’elle gravirait.
Pourquoi s’en faire ? Des doutes ? Les doutes étaient pour ceux qui erraient dans les ténèbres ou pour les fous et rêveurs nantis de vains espoirs. On devenait ce que l’on était né et on devait vivre et mourir dans cette seule certitude et dans la joie d’accomplir ce pourquoi on était fait depuis notre venue au monde. Fille d’alpha elle était, alpha elle deviendrait. La vie n’était-elle pas tellement plus simple ainsi ? Pourquoi se farcir le crâne de questions métaphysiques sur un avenir lorsque l’on savait ce qu’il serait ?
Oh oui, que la vie était facile et plaisante ainsi.
Elle leur ferait économiser bien du temps à toutes ces personnes du corps enseignant censées aider les jeunes étudiants à trouver leur voie. Leurs enseignements seront suffisants, elle apprendrait, prendrait et s’en irait. Ca aussi ce serait simple.
Aaaaaah, quelle belle journée décidément. Une de plus dans cette vie baignée de lumière et dénuée de sombres cogitations qui était la sienne.
Si elle n’avait pas une image à préserver et une certaine retenue à adopter dus à ce rang qu’elle occupait, elle se serait bien permis une ou deux danses dans ce couloir désert tant son cœur léger et excité par toutes ces nouvelles rencontres et tout ce nouveau savoir qui allaient s’offrir à elle la mettaient en liesse.

Ah ?
Une porte ?
Etait-elle donc déjà arrivée ?
Elle lut alors la plaque sur le chêne qui disait : « Bureau du professeur Akuryu Takumi ».

« Hé, j'y suis alors. »

Elle s’était apprêtée à entrer sans grande cérémonie, lorsqu’elle se souvint les usages dont son père lui avait fait l’enseignement avant qu’elle ne quitte les siens pour ce voyage « initiatique » avait-il dit. Alors, elle se ravisa et frappa, index replié, contre le bois de la porte en deux petits coups secs puis, elle attendit une réponse.
Ah les humains, quelles drôles de coutumes ils pouvaient avoir parfois.

Akuryu était dans son bureau. Elle attendait sagement (pour une fois XD) une jeune lycan du nom de Mitoko. Elle avait lu sa fiche. Fille d'Alpha. Akuryu savait qu'elle devrait apprendre à cette gamine les bonnes manières. Un lycan contre un démon félin, pour sûr c'était elle qui gagnerait. Elle n'allait pas abandonner son autorité pour une gamine capricieuse.

Et voilà, elle était énervée. Elle voulait se défouler. Surtout après l'entretien avec le vieux. Mais qu'est-ce qui l'embêtait, le vioc. A la convoquer pour lui dire qu'elle faisait du bon boulot !!!! Et lui refiler encore de la papasserie... L'avait que ça à foutre.

Pour se calmer, elle fouilla dans son bureau et sortit sa batte-tampon de base-ball. Elle se mit à jouer avec quand elle sentit la présence du lycan. Qui frappa à la porte d'une manière qui lui déplut totalement. Elle savait qu'il y avait déjà un loup-garou dans les locaux, qui était sympathique.

Elle respira un bon coup pour se calmer et cria.

"ENTRER !"

Elle regarda la gamine entrer.

"Asseyez-vous, nous allons commencer."

« Ah ? »

La femme derrière la porte avait donné de la voix pour lui signifier qu’elle devait entrer. Amusant, dire que chez eux la majeure partie de la communication passait à travers le regard et la posture. Mais ici, avec leur manie de faire des portes et des murs partout, normal qu’ils doivent en venir à la voix, comme la louve venant de mettre bas grogne sur son compagnon pour lui interdire de pénétrer dans la tanière avant qu’elle n’y consente. Et puis, de quoi cherchaient-ils à se protéger avec tant de zèle ?
Aaah, les humains…
La jeune femme secoua la tête, toujours aussi déconcertée par ces êtres aux mœurs si étranges à ses yeux. Il fallait dire que les siens vivaient en pleine nature sauvage, retirés de toute civilisation, alors il ne serait pas venu à l’esprit de Lunaris que ceux qu’elle considérait comme ses pairs aient pu être humains avant d’être Lycanthropes, et pourtant, c’était la stricte vérité, et leur « évolution » ne datait pas d’il y avait bien longtemps, une petite centaine d’années au grand maximum. Alors, c’était véritablement le comble de l’ironie que ce peuple se considère déjà comme une race à part entière avec ses légendes, ses coutumes et ses us. Enfin, ne disait-on pas du loup qu’il était un animal fier ? Bien trop fier même sans doute.

Enfin, la jeune lycan poussa la porte et entra dans la pièce sans la refermer derrière elle.
Toujours préserver une issue de secours en cas de danger, c’était gravé là, dans son instinct, solide comme le roc. Et puis, les animaux aimaient rarement être enfermés entre quatre murs et il ne fallait pas oublier qu’elle était à moitié loup.
Elle s’avança jusqu’au bureau de la professeur et ignora tout bonnement la chaise, peu au fait qu’elle était des codes, même les plus élémentaires, de cette éthique « humaine », se campant bien droite devant le meuble, bras croisés, prête à entendre ce qui devait être dit.
Pour elle, lorsqu’une personne devait parler, on écoutait et lorsque sa parole était achevée alors seulement on la prenait à son tour. Même si, chez elle, l’alpha avait droit de parole suprême sur celles des autres. Mais elle n’était pas chez elle et était assez intelligente pour préférer donc observer le fonctionnement des lieux avant toute chose.
Néanmoins, une odeur la dérangeait… celle de… cette femme… Elle le dissimula malgré tout du mieux qu’elle put.

« Lunaris. Nouvellement élève dans cette école. »

Fut tout ce qu’elle jugea utile de dire. Restant le plus formelle possible et attentive aux réactions de son interlocutrice qui ne semblait pas commode. Mais il en fallait bien plus pour l’impressionner. Même si, elle sentait clairement une sorte de friction dans l’air qui lui indiquait de rester sur la défensive.

La jeune prof regarda la louve entrer dans son bureau ... et laisser la porte ouverte. Ce qui l'agaça.

" Fermez la porte. Nous ne sommes pas chez vous. Vous devriez vous plier aux règles sinon ça risque d'aller mal."

Elle l'observa, de plus en plus énervée. Par son comportement. Désobéir à un ordre...

"Et je vous ai demandé de vous assoir. Ici, il y a des règles à respecter. Pas dans votre meute. Vous êtes peut-être fille d'Alpha mais ici, ça ne veut rien dire. Et, pour information, arrêtez de penser que je suis une humaine, parce que ce n'est pas le cas."

Elle fit un geste de la main, appelant son KI et son Kido et la força à s'assoir.

« Lunaris. Nouvellement élève dans cette école. »

Akuryu n'en crut pas ses oreilles. Pour qui elle se prenait??

" J'ai le regret de vous annoncer que vous n'êtes pas encore admise dans l'école. Et vous ne ferez jamais partie de cette école si vous continuez à vous comporter comme ça."

Elle prit sa batte tampon encreur. Elle en avait marre de cette gamine.

" Pourquoi voulez-vous entrer dans l'école?"

Bien contre son gré, Lunaris se retrouva fesses rivées sur la chaise qu’elle avait refusée un instant auparavant et, l’expression vexée qu’on put lire et qui passa fugacement sur le visage de la jeune lycan montrait clairement que la fierté de la louve venait d’être blessée. Cependant, elle se contenta détourner le regard en laissant à peine entendre un faible grognement puis elle tâcha de reprendre rapidement son calme et cet air parfaitement neutre qu’elle jugea préférable d’adopter au vue du fort et irritable caractère de la femme qui lui faisait face. Son but en venant ici n’était de faire valoir ses droits ou de passer outre les règles de part son statut, mais juste, d’étudier afin de devenir la meilleure chef de meute qui soit. Alors mieux valait sans doute faire profil bas pour le moment. Néanmoins… il était une chose qu’il ne fallait quand même pas espérer d’elle et c’était de la voir courber l’échine. Tout de même, il y avait des limites à tout !
D’un ton parfaitement calme et posé, elle répondit avec précaution et respect à l’égard de ce qui serait certainement ici sa supérieure. Brrr, drôle d’impression quand même que de savoir que d’autres seraient placés au dessus de vous ici… Enfin, c’était ainsi, et ça ne durerait pas !

« Pardonnez mon impudence, mais j’ai été élevée selon des principes si différents. Mais j’apprendrai à me conformer aux règles de cet établissement, cela va de soit. Et en ce qui concerne mes intentions et le pourquoi de ma demande d’admission dans cette école et bien, disons que, je suis curieuse de m’instruire, curieuse d’apprendre le monde pour mieux le comprendre, et, quoi de mieux pour cela que de suivre les enseignements de l’une des écoles les plus réputées de ce pays ? On traite souvent les miens de sauvages, je suis ici pour prouver que l’on peut se montrer parfaitement civilisés nous aussi et prétendre à une éducation tout ce qu’il y a de plus normale. Vous pensez que ces intentions sont mauvaises ? Ou déplacées ? »

Cette chose que maniait son interlocutrice avait beau être très intrigante et attiser la curiosité de la jeune louve, celle-ci fit en sorte de rester concentrée sur leur conversation. Et puis, il y avait autre chose qu’elle devait ajouter.

« Ah, et j’ai tout de suite senti en entrant que vous n’étiez pas humaine. Je suis navrée si j’ai pu laisser penser que je vous considérais comme une humaine. »

Lunaris était sincère, l’autre en face d’elle forçait le respect, elle la considérait comme une égale, alors pourquoi lui mentir ?
A d’autres, elle n’aurait pas daigné répondre ou ne se serait certainement pas justifiée, mais cette femme là était d’une toute autre trempe, mieux valait ne pas provoquer sa colère.
Hé, les loups étaient fiers, certes, mais la prudence ne leur était pas inconnue.

Akuryu regarda la futur élève en face d'elle. Elle était contente qu'elle ne se soit pas relever après l'avoir forcer à s'assoir. Mais elle remarqua aussi un éclair montrant que la louve avait été blessée dans sa fierté.

* Tant mieux, ça va lui apprendre les choses de la vie.*

Tout ce qu'elle attendait d'elle était le respect du règlement, de ses supérieurs et de ses camarades. Et son discours le lui confirma. La louve commençait à remonter dans l'estime de la jeune professeur. Et elle avait de bons motifs pour entrer dans l'école.

" Vous avez de bons motifs. Et je pense que vos intentions sont correctes. Si vous êtes acceptée, sachez que tous les élèves sont égaux. Même s'ils viennent de la noblesse ou sont fils / filles de chef. Vous êtes tous au même niveau. Ce qui compte ici, c'est l'enseignement et non pas la position sociale. Evitez ce comportement car je connais des surveillants qui seront plus durs que moi."

Akuryu eut un petit sourire de côté. Elle allait la transformer.

"Qu'attendez-vous de nos enseignements?"

Elle croisa ses mains et l'observa.

Ecoutant toujours très attentivement ce qui lui était dit, Lunaris attendit que la parole lui soit redonnée pour répondre.

« Je tâcherai de m’en souvenir. Le clan est le clan et ce qui attrait au clan n’attrait qu’à lui. J’ai juste fait preuve de trop d’enthousiasme. »

Le discours de la jeune louve semblait prémâché afin d’être toujours prêt à être resservi à toutes les sauces possibles et imaginables. Néanmoins, Lunaris n’en n’était pas moins sincère. Les règles étaient les règles et on se devait de les respecter, c’était un autre de ces principes qui avaient été profondément ancrés en elle. Et quoi de plus normal ? Les règles et leur respect étaient une donne indispensable au bon fonctionnement de la meute et à sa prospérité, leur absence apportait le chaos. En tant que future chef, elle se devait de ne pas ignorer ce principe fondamental à la cohésion dans la vie sociale et en connaître chaque pendant et chaque aspect car, un jour, ce serait à elle de faire appliquer et respecter ces règles.
Alors, le travail de cette femme, elle pouvait parfaitement le comprendre, et elle le respectait. Elle assimilerait donc ces nouvelles règles afin de s’y conformer au mieux.

La femme lui posa alors une bien étrange question sur ses attentes qui la laissa d’abord quelque peu perplexe.
Ce qu’elle attendait de leurs enseignements ? Personnellement, pas grand-chose à dire vrai. Pour les siens par contre, ils seraient très utiles et aideraient à mieux appréhender ce monde dans lequel ils vivaient et auquel ils se confrontaient si peu mais auquel ils devraient forcément faire face un jour.
Alors, elle expliqua :

« Les miens vivent très renfermés sur eux-mêmes, mais mon père et moi-même sommes conscients qu’un jour où l’autre, il nous faudra bien sortir de nos bois pour aller à la découverte du monde. Si nous ne faisons pas ce pas de nous-mêmes, alors c’est le monde qui finira de toute façon par venir à nous et si les nôtres n’y sont pas préparés, il est à craindre que la rencontre ne se fasse pas dans les meilleurs termes. Alors je suis venue ici pour prendre les devants et pour acquérir, si bien sûr on m’accepte, une plus large ouverture d’esprit et pouvoir ensuite transmettre les enseignements reçus ici aux miens. Et qui sait ? Peut-être les inciter à aller découvrir le monde par eux-mêmes ? »

Akuryu regarda la jeune fille en face d'elle. En entendant ses paroles, elle se mit à penser. Elle avait l'air de se plier aux règles, soit. Elle avait bien fait la différence entre l'école d'une part et la meute d'autre part. C'était bien. Par contre, la question qu'elle lui avait posée sembla la perturber. Qu'avait-elle à répondre??

Il est vrai que les lycans étaient plutôt renfermés sur eux-même. Ils ignoraient tout du monde qui les entourait. Le fait que la futur Alpha puisse acquérir un savoir ancestral pouvait faire toute la différence pour les futurs traités.

Elle sourit, satisfaite de sa réponse.

" Et si cela échoue, que comptes-tu faire? "

Lunaris demeura un instant dubitative de nouveau.
Echouer ? Voilà bien une chose qui ne lui était pas permise. Et puis, qu’entendait cette femme par échouer ? Echouer en quoi ? Pourquoi ?
Quelque peu ennuyée, Lunaris tâcha tout de même de répondre avec autant de tact et le sérieux que demandait pareille réflexion.

« J’ai peur de ne pas bien comprendre votre question. Echouer dites-vous ? Vous voulez dire si j’échoue à être admise dans cette école ? Eh bien, j’imagine que je n’aurai pas d’autre choix que de devoir aller m’adresser à des établissements moins prestigieux que le votre. Il est hors de question que je rentre chez moi tant que je n’aurai pas rempli la mission qui m’a été confiée. Mais, si vous parlez d’échec dans le sens me montrer mauvaise élève, n’ayez crainte, je prends la tâche qui m’a été confiée très à cœur et je ne compte pas rentrer les pattes vid… enfin, la tête mal remplie. »

Dans le regard qu’adressa alors la jeune lycanthrope à son interlocutrice sembla danser une flamme vivace animée par la volonté et la conviction sans faille de celle-ci.
Non, elle ne comptait vraiment pas échouer.

Akuryu la dévisagea. Ouais, à part le côté "je suis la reine du monde", elle semblait être une bonne élève. Elle soupira, soudainement lasse. Elle devrait demander une o-augmentation à ce putain de dirlo. Elle décida de mettre fin à l'entretien d'un coup.

" Bien, si vous n'avez plus rien à ajouter, ça ira. Vous êtes acceptée. Par contre, je vous déconseille de vous faire remarquer en mal et de me décevoir. Est-ce clair?? Vous rencontrerez des cas dans cette école. Les surveillants sont là si vous avez un problème. Et je tiens à vous signaler qu'il y a un autre lycanthrope ici, accepté bien avant vous. Je ne veux aucun problème de domination. Elle est une dominante et vous aussi. Je sais qu'elle ne vous fera aucun mal ou provoquera aucun problème par ce qu'elle est ma petite soeur. Je veux votre parole que vous ne tenterez rien contre elle, pas qu'elle soit faible, au contraire."

Elle la regarda, attendant une réponse. Selon celle qu'elle lui donnerai, elle règlerai son tampon.

Se faire remarquer ?
Quelle idée. Ce n’était franchement pas dans sa nature. Elle qui préférait le calme et n’hésitait pas à se réserver quelques moments de solitude lorsque l’occasion se présentait et qu’elle se sentait trop oppressée par la tâche qu’elle se devait de tenir. Le jour où elle serait alpha, il lui serait beaucoup possible de prendre du temps pour elle, elle en prenait déjà d’ailleurs bien peu, l’essentiel de son temps passant dans son apprentissage à devenir une bonne future chef. D’ailleurs, la raison de sa venue en cet établissement était la poursuite de cet apprentissage. Elle aurait donc bien mieux à faire que d’aller provoquer inutilement une semblable en terrain qui était de plus parfaitement neutre. Ce serait stupide et parfaitement puérile. Elle serait sur les terres de sa meute ce serait une toute autre histoire mais là. Oh, par contre, si elle venait à la provoquer, elle ne pourrait alors plus jurer de rien… Mais si cette femme lui assurait que ce n’était pas le genre de cette dernière, la cohabitation devrait pouvoir se dérouler dans les meilleurs termes.
Lunaris hocha alors la tête pour signifier son assentiment et faire comprendre qu’elle était en accord avec la demande de la professeur.

« Mon but n’est pas de chercher querelle et ce à qui que ce soit. Soyez assurée que je la laisserai en paix. Et, bien entendu, si quelqu’un venait à me provoquer, je peux vous assurer que je chercherai d’abord à régler le conflit par l’ouverture d’un dialogue. Mais… si la situation s’envenime, je ne peux pas vous jurer que je ne chercherai pas à me défendre… »

Lunaris détourna légèrement le regard, babines à peine retroussées à cette idée. Non tout de même, les instincts demeuraient les instincts, et si on cherchait à la provoquer, il lui serait impossible de baisser la tête et de prendre les coups sans broncher…
Sans doute que ce fait et ce qu’elle venait de dire ne plairait pas à celle qui possédait le pouvoir de l’accepter ou non. Néanmoins, Lunaris n’avait pas pour habitude de mentir.
Si alors à cause de cela elle venait à être recalée, tant pis, mieux valait l’honnêteté au mensonge.

Akuryu sourit. Enfin une élève sincère. Ca faisait du bien. Bon, et bien, ça, c'est fait. Elle ouvrit le dossier, lit une dernière fois ses notes et prit sa décision.

Elle leva sa batte et frappa violemment le dossier. Lorsqu'elle la retira, un gros admis en rouge s'y trouvait.

"Bienvenue chez nous. Un surveillant vous accompagnera jusqu'aux dortoirs sauf si vous êtes capable d'y aller toute seule. Ensuite, vous avez quartiers libres. Bravo !"

Et, sans autre forme de procès, elle se plongea dans la note qu'elle avait reçu avant que la lycanthrope entre. Une des jumelles avait été acceptée. Elle était fière d'elle. L'autre jumelle et son frère cadet passaient actuellement des entretiens.

Les yeux de Lunaris avaient suivi la lente ascension de la main et du tampon qui s’y trouvait, comme s’il s’était agit de l’évènement décisif qui allait sceller l’orientation du reste de son existence à venir. La descente fut bien moins laborieuse et hésitante.
Alors c’était fait ? Elle avait réussi ? On l’acceptait ?
Eh bien c’était parfait.
Le cœur de la lycan était certes en joie et en proie à un immense soulagement, mais, physiquement, il n’en parut rien, la jeune alpha avait beau avoir un avenir de leader devant elle, cet honneur ne lui était pas pour autant monté à la tête et la vantardise ne faisait pas partie des traits qui la caractérisaient. Alors son attitude demeura modeste lorsqu’elle se leva et inclina la tête en avant pour remercier celle qui était à l’origine de la réussite de la première étape de sa mission.
Elle était arrivée à l’école, avait obtenu un entretien avec l’un des responsables, avait été admise, tout se déroulait parfaitement bien, c’était parfait, point. Le triomphe s’arrêtait là. Et puis, elle aurait tellement à faire encore à présent en tant qu’élève de cette école.

« Non, je vous ai déjà suffisamment pris de votre temps comme ça. Je saurai bien me débrouiller par moi-même. Merci pour tout et pour votre confiance, vous n’aurez pas à le regretter, je vous en fais la promesse. »

Oh ça non !
Et Lunaris l’avait bien démontré, elle était de ce genre à tenir ses promesses et à s’en tenir à ce qu’elle disait. Une âme droite et loyale bien que forte et indépendante.
Elle salua une dernière fois la responsable et tourna les talons, le cœur léger, pour se fondre dans les couloirs de l’établissement après avoir refermé la porte du bureau derrière elle.
Décidément, étranges coutumes que celles des humains et de ceux vivant entre ses grandes façades que l’on nommait maisons ou bâtiments.
Elle secoua la tête dans un petit rire amusé.
Bien, il était temps de mettre cette journée de quartiers libres à profit pour en apprendre plus sur les habitudes et la disposition des lieux !
Repartant d’un pas enjoué, telle qu’elle était venue, Lunaris disparut au détour d’un couloir.